Conférence – Servoz en 1800 : mines et savants

Après une montée réputée difficile dans les gigantesques éboulis en aval du Dérochoir, où « quelques- uns des débris de cette montagne méritent l’attention des naturalistes » et avoir franchi le nant Noir – le nant charbon ou nant sauvage -, fameux pour avoir servi de cadre à Cœlina de Ducray-Duminil, les premiers voyageurs sont conduits à faire étape à Servoz.
Le village de Servoz représente pendant une centaine d’années une des étapes-clefs du Tour naturaliste où, de 1760 à 1816, presque tous les savants s’intéressent à l’Établissement des mines ; plus tard, ils y visitent la boutique Deschamps.
« Dans son vallon cloîtré », le village est un des points de départ pour aller à Pormenaz, pour explorer la zone nord et ouest des Aiguilles Rouges et le lac Cornu et surtout pour faire la fameuse course au Buet. Rapidement, des guides de montagne y offrent leurs services.
Cinq personnages de légende « font » l’ancien Servoz, Horace Benedict de Saussure, le fameux savant genevois inventeur des Alpes ; le chimiste Charles-François Exchaquet, fabriquant des plans-relief ; Cyprien Brard, le savant mineur ; Joseph-Marie Devillaz, le jacobin, le premier guide marchand- naturaliste ; et Marie-Joseph Deschamps l’aubergiste qui ouvre un « mineralogist-shop » au Bouchet. Trois attractions uniques enthousiasment les touristes : les gorges de la Diosaz, l’aqueduc de la Rateriaz et le château Saint-Michel. Dans ce dernier Mary Shelley y puise des éléments de son gothique Frankenstein…
Et pour Victor Hugo, c’est « le manoir de Saint-Michel, vieille forteresse des comtes de Genève, célèbre dans la contrée, comme le Nant-Noir, par les démons qui l’habitent et les trésors magiques qu’il recèle. Le redoutable palais, l’ancienne citadelle d’Aymon et de Gérold est là, solitaire et lugubre comme le corbeau qui croasse joyeusement sur sa ruine. Les remparts noirâtres, inégalement rompus par les ans s’élèvent à peine au-dessus des touffes de houx, de genêts, de ronces, qui obstruent le fossé et l’avenue ; des rideaux de
lierre usurpent la place des lourds pont-levis et des herses de fer ».
De superbes illustrations enluminent ces temps anciens, aussi bien des vues du mont-Blanc et du glacier de Bionnassay, que de la formidable montagne des Fiz , tout comme du superbe établissement des mines.